Bonjour papa,
On est passé avec Michel ce matin au cimetière, puis chez vous... Je me rends compte que je n'aime vraiment plus y aller! La maison est tellement triste! Maman venait de dîner toute seule, forcément; mais il n'y avait pas un bruit, pas de musique, ni même la télé, que c'était triste!
On n'a pas trainé! Elle vient manger avec nous ce soir, c'était peut être un peu l'excuse pour ne pas y rester.
Et quand on est sortis, j'ai vu le tracteur dans l'allée, j'ai eu une de ces boules dans la gorge! Parce que je me suis dis que je n'arriverais jamais plus chez vous et te voir avec ton circulaire, ou une remorque de bois, ou entrain de trafiquer à je ne sais pas trop quoi.
Ca fait des années qu'on te voit l'utiliser, mais d'habitude il est au verger; et là, quand on est sortis et que j'ai vu que Fabrice l'avait laissé dans l'allée, ça m'a fait tout bizarre... comme si c'était toi qui étais peut être juste venu diner avant d'aller continuer ton travail comme tu l'as si souvent fait.
Quand tu allais au bois, et qu'après le diner maman insistait pour que tu attendes d'avoir un peu digéré avant de retourner au froid sur ton tracteur...
Le tracteur, ton fauteuil toujours vide, le garage avec tous ces tiroirs remplis d'outils triés à ta façon.
On t'a charié tellement de fois en disant que le jour où il faudrait vider la maison, le garage serait la pire des choses à faire... et là, tu n'es plus là pour nous aider ou nous montrer ce qu'il faut faire.
Je suis sûre qu'il y a plein d'objets et d'outils que tu étais le seul à pouvoir utiliser...
J'ai peur de l'été, des jours où il fera beau, peur d'arriver chez vous et ne plus te voir occupé au verger, ou près des daims, ou simplement ne plus voir ce volet de garage ouvert et toi entrain de souder ou bricoler.
Pourtant il va falloir s'habituer, et essayer de repenser aux bons moments. Aux moments tout simples de quand tu étais encore là, pour pouvoir avancer plus facilement sans toi.
Tu nous manques tellement!
Christelle