Bonjour papa,
Voilà quelques jours que je ne t'ai plus écris un petit mot. Et pourtant, je viens lire tous les jours les messages, j'ai vu les photos de Béné, du spectacle à l'école.
Je vais aussi t'en mettre, mais il faut que je demande à Michel de les éclaircir parce qu'elles sont assez sombres, et je n'y connais rien.
Y a pas grand chose de nouveau chez nous. Le week end de Pâques s'est déroulé calmement (cafardeusement aussi).
Vendredi, on avait le spectacle de l'école des petits, samedi, on allait manger chez Fabrice, dimanche midi, maman est venue manger chez nous, et le soir, on allait chercher les cloches chez Béné. Lundi midi, c'était eux qui revenaient chercher les cloches à la maison... et hier matin je travaillais, puis Reine et Alain sont venus souper et ont dormi à la masion, ils sont repartis ce matin.
Alors là, je viens de faire une petite sieste dans le divan parce que pour l'instant on ne dort pas beaucoup, alors forcément, je suis encore plus cafardeuse en étant fatiguée.
Cette nuit, j'ai dû faire un aérosol à Clément à 5 heures du matin, il faisait une crisme d'asthme et n'était vraiment pas bien. Pauvre gros va!
Sinon dimanche, on a parlé un moment de toi avec Michel, Béné et Serge, je m'aperçois que Béné et moi on fonctionne un peu de la même façon: si on a le cafard, on n'ose pas se téléphoner l'une l'autre parce qu'on a peur que si l'autre est bien à ce moment là, ça risque de lui casser le moral.
On culpabilise autant l'une que l'autre, parce qu'on se demande si on a réellement bien fait de ne pas te dire tout ce qu'on savait. Et d'un autre coté, je crois que si vraiment tu avais voulu en parler tu l'aurais fait. Je l'espère en tout cas!
J'essaie de me réconforter, en me disant que là où tu es, tu sais que si on ne t'a pas tout dis, c'était pour ne pas te faire de mal, pour que tu gardes toutes tes forces pour te battre le plus longtemps possible.
On a cru bien faire, pour t'éviter de souffrir davantage.
De toute façon, je crois que quoi qu'on ai pu faire on aura toujours des regrets et on se posera toujours des questions.
Et comme tu n'es plus là pour y répondre, on ne saura jamais si on a fait ce que TOI tu aurais voulu qu'on fasse.
Hier matin, je suis allée travailler à Bertrix, chez le monsieur qui a un cancer et dont je t'avais parlé. Depuis que tu es parti, je n'y étais plus allée, sauf il y a 15 jours. Je pense que mon assistante sociale a fait un peu exprès de ne plus m'y envoyer, en se doutant que c'était difficile pour moi.
Sa femme est rentrée de l'hopital jeudi, elle a dû se faire opérer d'ulcères aux jambes, la dernière fois que je l'ai vue, elle pesait presque 150 kilos, et là, depuis le mois de septembre, elle en a perdu 46! Et voilà que lundi, c'est lui qui a dû être transporté à l'hoptial, pour une grosse pneumonie...
Alors sa femme est super inquiète, elle me demandait comment ça s'était passé pour toi, je vois bien qu'elle a peur et qu'elle a envie de savoir à quoi s'attendre.
J'ai vraiment pris cette famille à coeur, parce que je sais par quoi ils vont devoir passer.
Chaque fois que j'y allais avant, ils me demandaient tous les deux de tes nouvelles, et quand tu es parti, elle m'a fait envoyer un petit mot par une collègue parce qu'ils n'auraient pas su venir.
Hier, elle m'a dit que j'étais très gentille parce que même quand tu allais mal, je prenais encore de leurs nouvelles par sms.
Mais le pire, c'est que la dernière fois que j'ai vu son mari, en rentrant le soir, j'ai dis à Michel, "il partira bien avant papa"!!!
J'en étais quasi certaine tellement il était faible. Mais Michel m'a toujours dis "ton papa, il s'est tellement battu et a gardé des forces tellement longtemps que le jour où il va décliner ça ira très vite" et il ne s'est pas trompé du tout.
Je sais que c'est un mieux pour toi, qu'on ne voulait pas te voir souffrir pendant des semaines.
Alors voilà, chez ces gens là, j'aime bien aller travailler parce qu'ils ont vraiment besoin d'aide, et je m'y sens vraiment utile, en plus, je sais qu'elle se sent bien avec moi parce qu'elle connait ma situation et sait que je viens de passer par là.
Et en même temps, quand je sors de là, j'ai l'impression de sortir avec tout leur chagrin sur les épaules.
Comment des gens peuvent ils être si malheureux?
Enfin voilà, comme tu vois, j'ai encore beaucoup de mal.
Vendredi, aux cours, le prof nous parlait du travail de deuil, et nous disait qu'il fallait arriver à sortir de sa culpabilité. Mais pour l'instant, je suis encore en plein dedans; si je passe un bon moment ou une bonne journée, et bien je fini par m'en vouloir de t'avoir laissé de coté un moment...
C'est dingue!
Mais visiblement tout le monde passe par là.
J'attends le moment où je pourrai me souvenir de toi en souriant, et en repensant à tous les bons moments passés avec toi.
christelle
mercredi 26 mars 2008
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